vendredi 12 mai 2017

Welcome in Georgia !



Toujours sur la route de la soie en direction de la Géorgie, nous dépassons une nouvelle fois le semi-remorque Iranien avec lequel nous sommes en chassé-croisé depuis 2 jours. Echange de petits signes amicaux de voyageurs sachant compter sur l’autre en cas de nécessité.
Après mûre réflexion notre choix est d’entrer dans le pays par le petit poste frontière d’Aktas, le plus à l’Est, puis tenter aussitôt que possible une incursion en Arménie, revenir en Géorgie, pour poursuivre vers l’Azerbaïdjan. Rien de très simple à priori, mais pourquoi ne pas essayer ?

Départ un peu difficile ce matin : orage dantesque dans la nuit, débordement d’égout dans la chambre miteuse (plutôt une descente depuis la chambre supérieure…), et chapardage nocturne sur la moto de la Didier (heureusement que quelques outils volés). A plus de 2000 mètres la route est agréable sur des hauts plateaux ou paissent de jolis troupeaux de bovins et de chevaux sur de vastes et grasses prairies parsemés de ruisseaux scintillants.
Etonnamment, quelques kilomètres avant le poste frontière la route n’est plus qu’une large piste de terre rouge où il est agréable de lâcher les chevaux vapeurs de nos machines particulièrement adaptées à ce type de terrain.
Passage de douane sans problème grâce à des agents affables. Nous les questionnons sur notre option de rejoindre l’Azerbaïdjan via l’Arménie.
-       Impossible nous explique-t-on. Même en revenant par la Géorgie, vous serez refoulés par les douanes Azéries qui verront le tampon Arménien sur vos passeports. Les pays sont en conflit vous savez.
Notre temps étant compté, et ne voulant pas manquer Bakou, nous décidons de faire l’impasse sur l’Arménie pour filer directement vers Tbilissi.
Passé le poste frontière impeccablement tenu, l’entrée en Géorgie est un choc. Pour nous, comme un retour en arrière de 4 générations, dans ce pays ex-membre de l’URSS, aujourd’hui indépendant mais sous forte pression Russe. Et d’ailleurs, au poste de frontière un drapeau Européen fièrement érigé au côté du drapeau national, pour bien signifier qui est l’allier.
Les bonnes routes Turques laissent place à des voies défoncées reliant des villages de rustiques maisons de pierres couvertes de tôle ondulée d’où sortent des fumants tuyaux rouillés. Pour délimiter les parcelles, des briquettes de bouses de vaches séchées alignées en murets pour alimenter les poêles. Et tous ces camions et engins agricoles abandonnés donnant au décor des allures de scène de guerre, alors qu’il ne s’agit ici « que » des vestiges de la catastrophe économique issue de la chute de l’empire Soviétique. Avec en arrière fond cette éternelle question : en quoi la liberté est un progrès si elle s’accompagne de la misère ? Seul indice d’optimisme dans ce sombre tableau, les enfants enthousiastes lançant de joyeux « hello-hello » à notre passage au côté d’adultes gris à l’air triste.

Le temps se dégrade de nouveau et nous attaquons, sur une route criblée d’innombrables nids de poules, un nouveau col à plus de 2200 m. Sous les bourrasques accompagnées d’une pluie glaciale, la température chute juste au-dessus zéro. Par chance il ne neige pas.
Le jour décline. Nous sommes trempés, allons avoir besoin d’essence et pas la moindre station à l’horizon. La route se dégrade encore et il ne serait pas raisonnable poursuivre de nuit. Par chance, comme planté au milieu de nulle part, un grand bâtiment rectangle d’allure poststalinienne. Aucune autre indication qu’une discrète pancarte défraichie « Hotel-Restoran » plantée sur le bas-côté. Peut-être une aubaine dans ces conditions dantesques. Nos stoppons là. Didier entre par une porte aux allures de sortie de secours. Un quart d’heure se passe sous la pluie toujours battante. Alléluia ! Il finit par ressortir tout sourire. Nous sommes hébergés pour la nuit.
Deux vodkas cul-sec suivies d’un diner parmi des routiers et employés de travaux publics sur un chantier à proximité, notre périple dans le Caucase est vraiment démarré.

Zdorovié !








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