mercredi 10 mai 2017

Sur la route de la soie

 Repiquant vers le Sud nous nous enfonçons dans l’Anatolie pour rejoindre le haut plateau du Cappadoce. La bonne route de montagne dessine de jolies courbes entre les reliefs couverts de luxuriantes forêts de conifères. Puis, devenant plus étroite et tortueuse, elle grimpe vers de verdoyantes prairies où s’épanouissent quelques arbres isolés aux ramures spectaculaires. Au détour d’un virage, devant une modeste tente où le patron propose quelques boissons, petits pains et autres fruits secs, une odorante fumée s’échappe de la cheminée d’un samovar installé à l’intention des voyageurs.
Puis nous bifurquons doucement vers l’Est pour retrouver notre direction naturelle vers la mer Caspienne. Très peu de circulation. Seulement quelques vieux camions et autres tracteurs usées jusqu’à la corde.
De loin en loin des villages isolés devant une ligne d’horizon de moyenne montagne aux sommets encore parsemés de neige. Et à notre grand étonnement, quelques rizières tout juste remises en eau.

Comme un rituel nous refaisons le plein, l’occasion de regarder passer les gens dans ces lieux de passage que sont les stations-service où il fait bon prendre un café dans l’ambiance bruyante et poussiéreuse des mouvements de véhicules.

Puis l’heure du déjeuner nous invite à entrer dans les villages à la recherche d’une gargote. On y entre tout sourire en demandant s’il est possible de manger quelque chose. Et comme il est impossible de se faire comprendre par le langage, on mime, on dessine, et l’on finit par sortir le petit carnet « G’palémo » où des centaines de dessins contextualisés permettent de se faire comprendre, pour finir avec la spécialité locale, repas pantagruélique aux goûts parfois étranges. Et l’on regarde encore les gens, qui nous observent tout autant, l’occasion d’échanger sourires et regards entendus, finalement la plus belle et universelle façon de communiquer.
Il pleut. Nous repartons tout équipé contre la pluie sous un ciel chargé. La prudence est de mise sur des routes boueuses très glissantes jusqu’à la prochaine station-service pour le deuxième plein de la journée. Un jeune homme chauffeur de bus nous aborde, visiblement très intéressé par les motos. En quelques mots inintelligibles nous croyons comprendre qu’il demande d’où nous venons. De France, lui expliquons nous fièrement. Il a visiblement compris et part dans un verbiage agressif assortis de gestes des plus explicites : tranchage de gorges et piétinement. Moment désagréable. Le vieux pompiste qui assiste à la scène est visiblement gêné. Inutile d’insister. Sans coup férir nous poursuivons notre route.
Déjà 4500 kms au compteur. Demain dernière étape avant d’entrer en Géorgie.

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