lundi 1 mai 2017

La mine d'Alain



Rouler sur la levée de La Loire est une invitation au voyage. Sous un ciel chargé, entre les nuées les bras du fleuve scintillent parmi les bancs de sable joliment dessinés par les courants. Ici et là des bois flottés échoués sur les grèves comme des sculptures aux formes parfaitement polies, poussés par les flots au gré des crues annuelles. Puis, plus loin, taillée dans les falaises de craie, les maisons troglodytes dont certaines encore habitées.
A peine partis pour un long voyage que nous y sommes déjà. L’esprit s’évade, confusion des sentiments entre l’appel du large et la jouissance de l’instant.

Les kilomètres s’égrènent doucement et sous de violentes rafales nous abordons les contreforts du Massif Central par une vue à couper le souffle sur la Chaine des Puys. Plusieurs lignes d’horizons magnifiquement dessinées dévoilent les formes sensuelles des grands Volcans d’Auvergne. Souvenir des manuels scolaires au chapitre géologie. Association d’allégories fantastiques de temps préhistoriques où des féroces dinosaures se battaient sur fond d’irruption volcaniques.
Sous le Puy de Dôme nous passons Clermont Ferrant pour rejoindre Brioude où nous accueillent Isabelle et Alain.
Leur très jolie maison à flanc de coteau offre une merveilleuse perspective sur la vallée de l’Allier. Bel endroit de villégiature pour passionnés de grands espaces encore sauvages, et de moto tout terrain.
Alain, le frère de Didier, est un personnage haut en couleur. L’œil rieur il nous convie au tour du propriétaire.
-       Venez donc voir ma mine.
-       Ta mine ?
Certes il a l’air en bonne forme, mais ce n’est à l’évidence pas de cela dont il est question…
-       Oui, ma mine d’amiante.
Curieux nous faisons le tour de la maison pour découvrir, à même la paroi rocheuse, une excavation dont l’entrée est matérialisée par un solide linteau bétonné. Nous entrons dans la cavité. Le temps de nous familiariser avec la pénombre apparait une veine de plusieurs dizaines de mètres dans une roche friable où se distingue clairement les filons d’amiante gris et cendreux.
Devant notre étonnement Alain nous compte une histoire peu banale :
Au moment d’acheter la maison, juste quelques heures avant la signature chez le notaire, un voisin est venu les prévenir qu’elle se situait sur une mine exploitée dans les années 40 par le Régie Renault, à l’époque pour le compte de l’occupant.
Au sortir de la guerre elle fut désaffectée, cachée sous les gravats puis, la végétation ayant repris ses droits, oubliée. Mais l’histoire a ressurgi avec la mort des précédents propriétaires de la maison, tous deux récemment décédés, semble-t-il d’un cancer des poumons.
-       Et vous avez quand même acheté ?
-       Ben oui (tout sourire, comme s’il s’agissant d’une bonne blague), pas cher, et puis on a cherché la mine disparue, pour finalement la redécouvrir il a quelques semaines, après des milliers de m3 déplacés.
-       Et ça ne vous fait pas peur ?
-       Tu parles, l’ancien exploitant vit toujours au village. Il a plus de 90 ans et se porte à merveille.
-       Oui, mais les anciens propriétaires ?
-       Tous deux de grands fumeurs !

Allez, portez-vous bien. Et à très vite pour la suite.



Aucun commentaire: