samedi 13 mai 2017

Jardinage à Tbilissi




Sous l’œil bienveillant du patron borgne de l’établissement, nous expéditions le petit-déjeuner, impatients de repartir après le déluge de la nuit, sous un ciel radieux dans des tenues sèches. Le confort tient parfois à peu de chose.
Graissage des chaines des motos et direction Tbilissi la capitale de Géorgie.
Des hauts plateaux à l’horizon barré de sommets saupoudrés de neige fraîche, nous descendons doucement à travers une très dense forêt aux centaines d’essences d’arbres parés de leurs plus beaux feuillages de printemps, multiples nuances de verts du plus tendre au presque noir, mariage des formes, complémentarité des ramures, donnant à ce paysage sylvestre des airs enchanteurs.
Traversant un village, à défaut d’avoir pu découvrir le troquet du coin, petite halte devant une modeste épicerie, histoire de trouver un truc à boire. Surprise de la tenancière et de sa fille nous voyant stopper devant leur magasin qui nous offrent une collation de petits gâteaux avec du Coca. Tant de gentillesse spontanée en devient presque gênant quand nous ne sommes capables de rendre la politesse autrement que par de maladroits remerciements un peu surfaits. Comme je l’avais remarqué la veille, je propose une photo posée dans le contexte du magasin qui fait son petit effet. L’expression de ces femmes est alors juste magnifique tant, au-delà de la barrière de langue, elle sublime leur humanité.

Toujours criblée de nids de poules, la route s’améliore un peu en approchant de la capitale. Nous longeons d’abord d’anciennes zones industrielles aujourd’hui désaffectées, image digne des meilleurs films d’épouvantes. Seule une usine encore vivante crache une épaisse fumée jaune poussée par les vents vers la ville.
Puis l’on traverse les zones de barres « HLM » de l’époque Soviétique, logements décrépies visiblement toujours habités aux fenêtres desquelles du linge est étendu.
Du point de vue panoramique de la ville émerge le clocher doré de la grande Cathédrale édifiée en 2004 mais dont les travaux intérieurs se poursuivent toujours aujourd’hui, notamment une gigantesque fresque du Christ, dans le plus pur style Orthodoxe, couvrant tout le cœur dont le plafond doit culminer à bien 30 mètres : l’œuvre d’une vie pour les artistes engagés dans un tel projet.

Du point de vu religieux également, le passage de la Turquie orientale à la Géorgie est un choc. En quelques kilomètres les minarets laissent place aux clochers. Illustration parfaite, s’il est encore besoin, de comment peuvent aussi naître les tensions entre les peuples. Le passage en Azerbaïdjan illustrera de manière toute aussi magistrale le mouvement inverse. Le Caucase reste de ce point de vu une poudrière dont certaines mèches ne demandent qu’à se rallumer.

Les vieux quartiers de Tbilissi gardent un charme tout particulier, avec leurs maisons de briques et de bois, leurs balcons ouvragés en fer forgé de style oriental. Nombreuses sont abandonnées pour des logements sans doutes plus confortables. Il serait dommage que cela disparaisse.
Une fois dans Tbilissi, il faut aussi savoir en sortir… Pour faire simple disons que la ville est bordée d’une importante rivière qu’il s'agit d'enjamber. Or il n’existe que très peu de ponts. Alors quand on ne regarde pas suffisamment la carte avant de partir, et que l’on ne peut imaginer ne pas trouver le prochain pont, on peut faire des kilomètres pour finalement devoir revenir en arrière. Encore plus compliqué lorsqu'il n’y a quasiment pas d’indication. Bref, nous avons bien jardiné 2 heures avant d’en sortir. 
Y’a des jours comme ça...




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