dimanche 21 mai 2017

Instantanés d'Ukraine



Pressé par le temps je m’attendais à une traversée de l’Ukraine en solo pénible : 1500 kilomètres à moto en 2 jours sur des routes approximatives… Mais il n’en a rien été.
Tout d’abord une météo parfaite sur une machine confortable facilite bien les choses.
Puis il y a toutes ces images et ces rencontres inattendues.

Si l’agriculture ici prospère, c’est tout de même le choc de deux modèles : d’un côté ces méga fermes de production de céréales, de porc et de poulet. Ce pays dispose d’un potentiel agricole extraordinaire. De l’autre ces toutes petites fermes où, souvent des personnes « âgées » semblent survivre sur des modes ancestraux, de simples petits jardins méticuleusement entretenus sans mécanisation et quelques vaches. Ces gens d’un autre temps se déplacent encore à voiture à cheval, grossiers tombereaux de bois brute avec des roues de voiture, images surréalistes de la confrontation de deux époques digne des « Visiteurs ».
Et tous ces complexes industriels en ruine, innombrables usines désaffectées vestiges de l’Union Soviétique.

Les ravitaillements d’essence donnent souvent l’occasion d’échanger quelques mots avec les gens du coin. Intrigué par ce voyageur à moto, ce bonhomme tout sec qui m’aborde et me débite toute une tirade évidemment complètement inintelligible pour moi. Et il insiste comme si de rien n’était. Je tente alors de lui expliquer notre périple passant par Bakou. Il me tombe alors dans les bras, m’embrasse, veux m’offrir des gâteaux et m’inviter à dormir chez lui. Dommage que le temps presse.
Cette nuit, dans le petit hôtel ou je me suis arrêté pour 20 euros diner et petit dej compris, on frappe à ma porte en milieu de nuit. Surpris, dans un demi-sommeil j’ouvre la porte. C’est l’amour qui passe. Je remercie la jeune femme de son attention… puis retourne me coucher comme une masse. Nous nous recroisons ce matin au petit déjeuner, juste l’occasion d’échanger un sourire et puis s’en va.

Approchant de la zone frontalière des Carpates où Slovaquie, Hongrie et Roumanie se touchent, le paysage de moyenne montagnes devient plus varié, les courbes parfaites à moto dans les forêts où alternent sapins et feuillus de différentes essences.
A la sortie d’un village, toutes sirènes hurlantes une vielle Mercedes de police me rattrape. Je suis à vrai dire un peu intrigué par la voiture. Mais bon, ils ont bien l’air flics. Deux jeunes gars plutôt affables. L’un des agents me fait comprendre que j’aurais franchi une ligne blanche… Possible mais pas récemment. Je nie. Ils insistent. Je nie de nouveau et tente d’expliquer notre périple. Petit conciliabule et ils me laissent repartir.
Puis de nouveau, à la sortie d’un autre village, cette fois-ci une vraie voiture de flics me rattrapent et m’arrête. Décidément c’est la journée. Plutôt l’endroit, au carrefour de toutes ces frontières où sans doutes les pigeons sont nombreux. Cette fois-ci nous tombons dans la caricature : un jeune gars un peu timide avec gros type transpirant. On me fait comprendre que j’aurais grillé un stop. Très sincèrement je ne vois pas et proteste vigoureusement. Ils me prennent mes papiers et veulent me conduire je ne sais où. Je ne bouge pas puis demande de voir l’endroit de l’infraction. Effectivement, à environ un kilomètre, un panneau stop totalement invisible dans les herbes folles juste avant un passage à niveau désaffecté. Toutes les voitures passent au ralenti pour amortir les secousses de la chaussée défoncée, mais personne ne s’arrête. Ils veulent me faire payer. Je proteste de nouveau avec virulence sous l’œil amusé des villageois assistant à la scène. Le ton monte. J’ai récupéré mes papiers mais ils me prennent la clé de la moto. Les bras croisés je toise le gros méchant en affirmant haut et fort que je n’accepte pas ce « racket », mot que tout le monde comprend. Le petit me redonne ma clé. Au moment de monter sur ma moto le gros met sa main sur son arme de service. A ce moment-là une voiture Hongroise passe sans s’arrêter. Ils se précipitent pour le rattraper. Je ne serai pas le pigeon du jour.

Et pendant ce temps mes camarades "patouillent" à la frontière Moldave…



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