Quel plaisir de voyager en Azerbaïdjan au contact de tous ces gens enthousiastes !
Ne vous méprenez pas. Je ne veux pas
tomber dans l’angélisme naïf du voyageur émerveillé par l’exotisme de la nouveauté.
Avoir eu le privilège de parcourir le monde dans toutes les directions dans
plus de 60 pays m’a permis depuis longtemps de relativiser tout cela. Mais je
dois avouer, et mes camarades avec moi, que l’accueil réservé par les Azeris,
et leur joie de vivre est peu commune. Et cela est d’autant plus frappant quand
on sort de l’ambiance Georgienne tellement triste.
Ici, et même si les gens vivent encore
modestement, la qualité du parc automobile en étant l’une des plus flagrantes
illustrations, la dynamique de progrès – concept évidemment relatif – saute
immédiatement aux yeux : qualité du réseau routier, propreté des villes,
entretien des bâtiments publiques, boutiques proprettes et j’en passe.
Egalement peu de gens désoeuvrés. Le
pays travaille. Il faut dire que cette petite république issue de l’éclatement
de l’Union Soviétique a la chance bénéficier de la manne pétrolière de la Caspienne
apparemment bien gérée par un régime oligarchique semblant bienveillant.
Le tourisme est encore marginal. Notre
passage à moto suscite partout un vrai enthousiasme presque gênant : coups
de klaxon, appels de phares, pouces levés… D’accord, j’en vois qui rigolent en
se disant que ce sont en fait des signaux incompris, dont nous aurions bien
besoin pour nous rappeler le code route ; surtout Didier. Et bien vous
vous trompez ! Non seulement nous n’en avons pas vraiment besoin, mais un
pouce levé n’est pas un doigt. On reconnait aussi aisément les coups de klaxon
amicaux des rappels à l’ordre. Et bien entendu un sourire reste universel.
Même entre eux les Azeris semblent détendues,
autre indice de leur confiance dans l’avenir.
Quelques morceaux choisis parmi le
florilège de ces deux derniers jours :
Les arrêts aux stations-service
(carburant à 70 centimes le litre), où systémiquement les pompistes demandent
des photos sur nos machines.
Ce matin, un troupeau de bovins, guidés
par un cow-boy à cheval, à contre-sens sur l’autoroute. Et personnes ne s’énerve.
Toutes ces voitures antédiluviennes
chargées comme des camions qui fond même sourire les gens du coin à leur
passage.
Notre visite sur un marché de ventes de
véhicules d’occasion, où les vendeurs rivalisent d’astuces pour essayer de
fourguer le même modèle de Lada 2107, ajoutant d’improbables accessoires à
cette voiture des années 70 sous licence Fiat. Et qui ouvrent fièrement capots et
portières pour nous prendre à témoin de la qualité de leur belle auto.
Ces vendeurs de volailles vivantes et
de fruits, tout sourire, sur les bas-côtés de l’excellente 4 voies vers Bakou.
Cette gardienne d’oies faisant traverser
à la baguette, entre les camions Kamaz, la route à son troupeau comprenant
toute une colonie de poussins.
Egalement tous ces enfants fascinés par
nos motos, ne demandant rien d’autre qu’une photo assis sur le siège en
position de pilotage.
Et cela avait commencé dès le passage
de la douane. Alors que toutes les formalités étaient terminées, un sympathique
agent me demande de retrourner jusqu’au « no-man’s land », 300 m en
arrière par le sens interdit. Surpris j’hésite un peu, mais il insiste. Me
voilà donc à contre-sens sous l’œil médusés des passagers de véhicules dans la
file d’attente. J’arrive finalement au premier contrôle et Hussein, c’est son
nom, qui est déjà là je ne sais comment, me demande de poser fièrement sur ma
moto devant ses collègues envieux. Clic-clac et je repasse cette fois-ci sans
plus de contrôle les 3 check-points pour entrer officiellement dans le pays
sous l’œil cette fois-ci amusé des passagers dans la file de voitures.
Nous arrivons ce soir sur Bakou. La
moto de Djo fonctionnant parfaitement avec un cocktail essence-gasoil concocté lors
d’une fausse manip au dernier plein. A peine une petite fumée bleue à l’accélération.
Déjà 6200 km au compteur. La suite demain,
avec notre émouvante arrivée à un « bout du monde ».
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