dimanche 14 mai 2017

Au bonheur des Azéris


Quel plaisir de voyager en Azerbaïdjan au contact de tous ces gens enthousiastes !
Ne vous méprenez pas. Je ne veux pas tomber dans l’angélisme naïf du voyageur émerveillé par l’exotisme de la nouveauté. Avoir eu le privilège de parcourir le monde dans toutes les directions dans plus de 60 pays m’a permis depuis longtemps de relativiser tout cela. Mais je dois avouer, et mes camarades avec moi, que l’accueil réservé par les Azeris, et leur joie de vivre est peu commune. Et cela est d’autant plus frappant quand on sort de l’ambiance Georgienne tellement triste.
Ici, et même si les gens vivent encore modestement, la qualité du parc automobile en étant l’une des plus flagrantes illustrations, la dynamique de progrès – concept évidemment relatif – saute immédiatement aux yeux : qualité du réseau routier, propreté des villes, entretien des bâtiments publiques, boutiques proprettes et j’en passe.
Egalement peu de gens désoeuvrés. Le pays travaille. Il faut dire que cette petite république issue de l’éclatement de l’Union Soviétique a la chance bénéficier de la manne pétrolière de la Caspienne apparemment bien gérée par un régime oligarchique semblant bienveillant.
Le tourisme est encore marginal. Notre passage à moto suscite partout un vrai enthousiasme presque gênant : coups de klaxon, appels de phares, pouces levés… D’accord, j’en vois qui rigolent en se disant que ce sont en fait des signaux incompris, dont nous aurions bien besoin pour nous rappeler le code route ; surtout Didier. Et bien vous vous trompez ! Non seulement nous n’en avons pas vraiment besoin, mais un pouce levé n’est pas un doigt. On reconnait aussi aisément les coups de klaxon amicaux des rappels à l’ordre. Et bien entendu un sourire reste universel.

Même entre eux les Azeris semblent détendues, autre indice de leur confiance dans l’avenir.
Quelques morceaux choisis parmi le florilège de ces deux derniers jours :
Les arrêts aux stations-service (carburant à 70 centimes le litre), où systémiquement les pompistes demandent des photos sur nos machines.
Ce matin, un troupeau de bovins, guidés par un cow-boy à cheval, à contre-sens sur l’autoroute. Et personnes ne s’énerve.
Toutes ces voitures antédiluviennes chargées comme des camions qui fond même sourire les gens du coin à leur passage.
Notre visite sur un marché de ventes de véhicules d’occasion, où les vendeurs rivalisent d’astuces pour essayer de fourguer le même modèle de Lada 2107, ajoutant d’improbables accessoires à cette voiture des années 70 sous licence Fiat. Et qui ouvrent fièrement capots et portières pour nous prendre à témoin de la qualité de leur belle auto.
Ces vendeurs de volailles vivantes et de fruits, tout sourire, sur les bas-côtés de l’excellente 4 voies vers Bakou.
Cette gardienne d’oies faisant traverser à la baguette, entre les camions Kamaz, la route à son troupeau comprenant toute une colonie de poussins.
Egalement tous ces enfants fascinés par nos motos, ne demandant rien d’autre qu’une photo assis sur le siège en position de pilotage.
Et cela avait commencé dès le passage de la douane. Alors que toutes les formalités étaient terminées, un sympathique agent me demande de retrourner jusqu’au « no-man’s land », 300 m en arrière par le sens interdit. Surpris j’hésite un peu, mais il insiste. Me voilà donc à contre-sens sous l’œil médusés des passagers de véhicules dans la file d’attente. J’arrive finalement au premier contrôle et Hussein, c’est son nom, qui est déjà là je ne sais comment, me demande de poser fièrement sur ma moto devant ses collègues envieux. Clic-clac et je repasse cette fois-ci sans plus de contrôle les 3 check-points pour entrer officiellement dans le pays sous l’œil cette fois-ci amusé des passagers dans la file de voitures.

Nous arrivons ce soir sur Bakou. La moto de Djo fonctionnant parfaitement avec un cocktail essence-gasoil concocté lors d’une fausse manip au dernier plein. A peine une petite fumée bleue à l’accélération.
Déjà 6200 km au compteur. La suite demain, avec notre émouvante arrivée à un « bout du monde ».



Aucun commentaire: